Groupe C - Personnalité Dépendante
1/ Résumé des principaux critères du DSM-IV
Besoin général et excessif d'être pris en charge, qui conduit le sujet à un comportement de soumission avec peur de séparation. Ce diagnostique nécessite la présence d'au moins 5 des 8 manifestations suivantes :
- le sujet a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui.
- Le sujet a besoin que d'autres assument des responsabilités dans la plupart des domaines important de sa vie.
- Le sujet a du mal à exprimer son désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation.
- Le sujet a du mal à initier des projets ou à faire des choses seul.
- Le sujet cherche à outrance à obtenir le soutien ou l'appuis d'autrui au point de faire volontairement des choses désagréables.
- Il se sent mal à l'aise ou impuissant lorsqu'il est seul par crainte d'être incapable de se débrouiller.
- Lorsqu'une relation proche se termine, il cherche de manière urgente une autre relation
- Il est préoccupé de manière irréaliste par la crainte de devoir se débrouiller seul.
2/ Données épidémiologiques (ratio/prévalence)
La prévalence est estimée à 2% de la population avec une équivalence des cas homme et femme. Il s'agit d'une personnalité fortement associée à la dépression, mais aussi aux troubles anxieux.
3/ Caractéristiques psychopathologiques du trouble
- Symptômes
Comportement de soumission, lié à un besoin excessif d'être pris en charge et apprécié par les autres.
Difficultés à rompre une relation, avec une tendance à se cramponner aux autres et aux relations stables.
Incapacité à prendre une décision seul : le sujet demande des avis et des conseils parfois de manière insistante. Cet aspect peut concerner des domaines très importants comme le choix professionnel ou le mariage, autant que des domaines peu importants comme le choix d'un restaurant.
Difficultés à exprimer son désaccord avec les autres par peur de perdre leur soutien ou d'être rejeté. Cela peut le conduire à des comportements incohérents.
Le sujet prend peu d'initiatives par manque de confiance en lui, ce qui peut le conduire à effectuer de tâches déplaisantes : le sujet va essayer de satisfaire les besoins d'autrui avant les siens.
Anxiété massive à chaque décision, d'où le besoin de réassurance perpétuelle à l'égard de l'entourage.
- relations interpersonnelles
Elles sont marquées par la soumission, le renoncement à exprimer ses propres désirs et effacement devant les autres. Cela conduit les personnalité dépendante à se sentir victime d'un système considéré comme tyrannique, mais auquel elles participent par les comportement précédents.
- expressions affectives, émotionnelles ; style cognitif
L'expression affective est dominée par l'anxiété. Le style cognitif est dominé par le sentiment d'impuissance et de dévalorisation.
4/ Adaptation et évolution des troubles
L'adaptation est valable et fonction de l'entourage et des autres types de personnalité côtoyées. L'évolution la plus fréquente est l'épisode dépressif majeur, mais une autre décompensation peut s'exprimer sous la forme de troubles anxieux.
5/ Hypothèses explicatives
L'explication principalement retenue est l'incapacité à surmonter l'angoisse de séparation pendant l'enfance. Il s'agirait d'un facteur de prédisposition.
Une seconde hypothèse concerne un lien d'attachement interrompu dans la première période de l'enfance, qui serait un facteur de prédisposition à une peur chronique de perdre ceux auxquels on est attaché.
Un troisième hypothèse pointe du doigt une surprotection parentale pendant l'enfance.
On note une fréquence élevée de mère anxieuse ou phobique, qu ne favoriserait pas l'autonomie de l'enfant.
6/ Prise en charge et Objectif thérapeutique
Quelque soit la nature de la pris en charge, un problème a traiter en priorité est leur dépendance excessive au traitement proposé : en effet, la dépendance peut concerner le thérapeute autant que les médicaments. Ces personnalités attendent que les psychothérapies résolvent leurs problèmes à leur place. Certaines psychothérapies (psychanalyse, psychothérapies de soutien,... seraient plus sujettes à cette relation de dépendance.
A l'inverse, les thérapies cognitivistes mettent l'accent sur l'autonomisation du patient : elles peuvent donc mieux correspondre à la problématique des personnalité dépendante. Néanmoins, elles peuvent être mal vécues puisque l'on demande au sujet d'être actif (ce qui contraste avec le fonctionnement habituel).
Source : Cours de psychopathologie - Licence - Université de Dijon